City of Clowns
de Marie Davidson
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Avec ce 5ème album, la franco-canadienne Marie Davidson décline une critique sociale habitée sur fond de musique électronique. Elle y dénonce avec mordant et humour la perte d’identité liée à l’emprise de la Big Tech.

Producteur : Because Music & DEEWEE

Date de sortie : 28 février 2025

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À propos de l'artiste

Marie Davidson est toujours allée à contre-courant. La productrice franco-canadienne s’est imposée comme une force transgressive dans la dance musique, ses quatre premiers albums établissant les bases de son œuvre.

Son cinquième album, City Of Clowns marque un retour au club — mais pas comme on l’imagine. C’est un mélange sonore « étrange », même selon les propres standards de l’artiste. L’identité musicale et cérébrale de l’album sont aussi façonnées par le fait que l’artiste canadienne a un nouvel antagoniste. Cette fois, ce n’est pas la culture club qui menace son identité, mais la Big Tech.

À l’été 2022, alors qu’elle était en pleine création de l’album, Marie Davidson a commencé à lire The Age of Surveillance Capitalism de Shoshana Zuboff. Ce récit audacieux décrit la technologie comme une nouvelle forme d’oppression économique, ayant infiltré chaque aspect de nos vies, dotée d’un pouvoir sans précédent et échappant à tout contrôle.

Tout comme la technologie elle-même, la présence de The Age of Surveillance Capitalism dans City of Clowns est faite avec subtilité, suggérée à travers les titres des morceaux, les références cachées dans les textes ou encore les choix créatifs. Cela illustre un effacement de l’humanité qui traverse l’album, soutenant la pulsation électro paranoïaque de Statistical Modelling et le fouet sombre de Demolition, où elle adopte la perspective de la machine. « I do what I do / And I do it well », affirme-t-elle d’une voix profonde et déformée, jouant avec les dynamiques de pouvoir du BDSM dans le contexte de la technologie quotidienne.
L’enjeu du morceau est au cœur de l’album : l’anéantissement de l’identité.

L’album City of Clowns s’est forgé entre début 2021 et l’été 2024, en commençant comme un projet solo avant de s’étendre progressivement. En 2022, elle a décidé de le coproduire avec Guerineau, et en 2023, ils ont commencé à collaborer avec Stephen et David Dewaele de Soulwax. Gardant l’esprit collaboratif de Renegade Breakdown, ils ont fusionné un éventail plus large de leurs influences respectives et ont façonné le style naturellement brut de Davidson en quelque chose d’énorme, capable de vous engloutir tout entier.

Comme les comédiens de stand-up qui l’ont attirée, City of Clowns mêle humour et mordant. Davidson continue d’utiliser son travail comme un outil pour naviguer et trouver sa place dans ce monde, en tant qu’artiste et en tant que femme. Aussi conceptuel que teinté de sincérité, elle repousse les frontières de la musique électronique pour digérer les questions les plus urgentes de notre époque – et le résultat est étonnamment humain.

Marie Davidson